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Sous le règne de Joachas (Yehoachas), son fils (859-843), les choses allèrent en empirant : le pays fut ravagé plus cruellement encore et la force militaire d’Israël à tel point réduite, qu’elle ne compta plus que dix mille homme de pied, cinquante cavaliers et dix chariots de guerre. Les Araméens multiplièrent leurs incursions sur le sol israélite et, dans ces razzias, enlevaient non seulement les objets, mais encore les personnes, qu’ils vendaient . comme esclaves. Joachas parait avoir fait une paix honteuse en accordant à Hazaël le libre passage à travers son royaume : il lui permit ainsi de porter la guerre chez les Philistins et de leur prendre leur capitale Gaza. Joas allait être attaqué à son tour, lorsqu’il acheta la paix à prix d’argent. Fut-ce mécontentement de cette lâcheté ou l’effet d’autres griefs ? Toujours est-il que quelques grands de Juda se conjurèrent contre lui et que deux d’entre eux l’assassinèrent dans une maison où le hasard l’avait fait s’arrêter (vers 843). Ce ne fut que sous Joas, roi d’Israël (845-830), qu’on parvint peu à peu à briser la suprématie du royaume d’Aram, grâce sans doute au concours des rois chitites et d’Égypte qui, jaloux de la puissance croissante de cet État, s’étaient déclarés ses ennemis.

Ben-Hadad III, en effet, voulant à cette époque achever le royaume des dix tribus, avait mis le singe devant Samarie. Il la bloqua si étroitement que les vivres ne tardèrent pas à y manquer : une tète d’âne se vendit quatre-vingts sicles, une mesure de fiente sèche (combustible) vingt sicles. A peine restait-il quelques chevaux de guerre, et si épuisés qu’ils refusaient le service. On vit deux femmes convenir, dans l’excès de leur faim, de tuer et de manger ensemble, un jour l’enfant de l’une, et le lendemain l’enfant de l’autre. Mais soudain les araméens levèrent le siège et s’enfuirent en toute hâte, abandonnant tentes, chevaux, ânes, objets de prix et tous leurs approvisionnements. Cette bonne nouvelle, apportée au roi par des lépreux affamés, lui rendit courage : il reprit l’offensive, livra trois batailles à Ben-Hadad et les gagna toutes trois. Le roi de Damas, forcé de conclure la paix, restitua aux dix tribus les villes que son père et lui leur avaient enlevées.

Le royaume de Juda, gouverné alors par Amazias, profita de l’affaiblissement des Araméens pour reconquérir les anciennes