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salut ? Le dernier rejeton de la race de David n’eût-il pas péri, si Joïada n’avait renversé la sanguinaire Athalie ? Celui-ci pouvait donc à bon droit revendiquer une haute situation dans le gouvernement. Il employa sans doute son autorité à faire respecter la loi et à prévenir le retour de l’apostasie. Mais le conflit entre la royauté et le sacerdoce était fatal, l’essence de l’une étant le bon plaisir, tandis que l’autre a pour fondement une loi fixe. Certes, tant que Joïada vécut, aucune mésintelligence ne se produisit : Joas lui devait tout, et la reconnaissance, autant que la vénération, le lui rendait docile. Mais lui mort, la rupture éclata et coûta la vie au nouveau grand prêtre. Les détails manquent à ce sujet ; on sait seulement que, sur l’ordre de Joas, le successeur de Joïada fut lapidé dans le vestibule du temple et que le jeune pontife s’écria en mourant : Dieu le voie et le punisse !

Au reste, l’extirpation de la race d’Omri, cause de tant de convulsions et de conflits à Samarie et à Jérusalem, fut suivie d’une ère de calme dans les deux royaumes. La situation était assez bonne, sauf que les autels privés subsistaient dans Juda et que les dix tribus continuaient à adorer Dieu sous la forme d’un taureau. Pour le culte de Baal, il était banal de part et d’autre. Mais, à l’extérieur, il n’en était pas de même. Jéhu, qui avait si hardiment exterminé les Omrides, fut loin de montrer la même vigueur vis-à-vis des ennemis du dehors. Il ne sut pas empêcher Hazaël, le meurtrier du roi d’Aram, d’inonder de troupes le pays d’Israël et d’y porter l’incendie et le massacre (les enfants, les femmes enceintes même ne furent pas épargnées) ; les villes situées au delà du Jourdain, tout le territoire des tribus de Manassé, de Gad et de Ruben, depuis les monts Basan jusqu’à l’Arnôn, fut enlevé au royaume d’Éphraïm, les habitants réduits au servage et plusieurs d’entre eux déchirés sous des crochets de fer. Peut-être la faiblesse de Jéhu venait-elle de ce qu’il avait un autre ennemi dans le roi de Tyr, dont il avait égorgé les parents et les alliés[5].