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en lui-même et se mortifia, car son cœur n’était pas endurci ; mais Jézabel, qui le dominait, ne le laissa pas aller jusqu’au repentir. Élie, qui avait disparu aussi subitement qu’il était venu, revint et annonça au roi qu’une famine désolerait le pays pendant plusieurs années. S’éloignant ensuite de nouveau, il s’en alla demeurer sur les bords du Jourdain, puis à Sarepta, en Phénicie, chez une veuve, enfin dans une caverne du mont Carmel. Pendant ce temps le fléau sévit et le fourrage manqua, même pour les chevaux et les mulets du roi.

Un matin, l’intendant du palais, Obadia, le vit reparaître : Va dire à ton maître qu’Élie est là. — C’est donc toi, dit Achab, qui troubles tout Israël de tes menées ?Ce n’est pas moi, répliqua le Thisbite, c’est toi, c’est la maison de ton père, qui vous êtes attachés à Baal. Et comme si c’eut été à lui de commander, il somma le roi d’assembler ses prêtres sur le Carmel : là se montrerait qui, d’eux ou de lui, était vraiment prophète. Achab obéit. Tous les ministres de Baal, convoqués, se rendirent sur la montagne, et lui-même s’y transporta : une foule nombreuse les y attendait, anxieuse de savoir comment finirait le différend des naziréens et du roi, et si la sécheresse n’allait pas cesser. Très probablement les cent disciples sauvés par Obadia se tenaient là cachés, prêts à paraître au moment décisif. Élie, qui exerçait un empire absolu sur la multitude, s’adressa d’abord à elle : Jusque à quand, dit-il, serez-vous comme les oiseaux, voletant de branche en branche ? Si Dieu est Dieu, attachez-vous à Dieu ; si c’est Baal, restez avec Baal. Puis, se tournant vers les prêtres, il leur enjoignit de dresser leur autel et de sacrifier à leur divinité. Ce qu’ils firent avec leur cérémonial, en se frappant de leurs couteaux, jusqu’à ce qu’ils fussent couverts de sang. Du matin au soir, ils crièrent : Baal, Baal, exauce-nous ! Lorsque enfin, confus de leur insuccès, ils se turent, Élie prit douze pierres, selon le nombre des tribus, en construisit un autel, et à son tour offrit un sacrifice, en priant à voix basse. Aussitôt un signe apparut, si soudain que la foule se jeta la face contre terre, en s’écriant : Jéhovah seul est Dieu ! » Le feu du ciel tomba, dévora tout ce qui était sur l’autel, victime, bois, pierres, poussière et jusqu’à l’eau. Usant alors de représailles, Élie commanda