Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 1.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

Thibni fut mis à mort et Omri resta seul maître du pouvoir (928). Mais il se sentait mal à l’aise dans Thirza. Le palais brûlé depuis Zamri n’avait pas été relevé, maintes ruines encore avaient dû s’amonceler pendant la lutte. Puis les vaincus lui restaient hostiles. Omri s’occupa donc de trouver une autre capitale. Il ne pouvait choisir Sichem, dont l’esprit remuant et séditieux ne lui offrait aucune sécurité ; d’autre ville importante au centre du pays, il n’en existait pas ; il en vint donc à la pensée de bâtir la résidence qu’il souhaitait. Une colline formant plateau, située à quelques lieues au nord-ouest de Sichem, lui parut propre à son dessein : il l’acheta, y fit construire des édifices, un palais et d’autres maisons, l’entoura de fortifications et l’appela Samarie (Schomrôn). Pour la population de la ville nouvelle, il est à supposer qu’elle se forma d’anciens soldats de son parti, auxquels il y assigna des demeures, comme autrefois David à ses guerriers dans Jérusalem récemment bâtie. Un an après sa victoire (927), Omri abandonna Thirza et s’établit à Samarie, désormais pour deux siècles la rivale de Jérusalem et qui, plus tard encore, après deux cents ans de léthargie, devait revivre en ennemie de Juda. Samarie hérita de la haine de Sichem pour Jérusalem, et alla dix fois plus loin dans l’animosité. Elle donna son nom au royaume des dix tribus, qui s’appela désormais le pays de Samarie.

Le premier roi de Samarie était moins un homme de main qu’un politique ; la couronne, qu’il devait plutôt à la faveur des temps qu’à son énergie, ne le contenta point ; il voulut rendre à son pays sa grandeur et son éclat, et joindre à ces avantages celui de la richesse. Était-il impossible de faire revivre l’ère de Salomon ? Sans doute le peuple était scindé en deux parties inégales et par là se trouvait affaibli. Mais était-il nécessaire que ces deux fractions ne cessassent de se faire la guerre et de s’entr’égorger ? Ne pouvaient-elles, rapprochées comme elles l’étaient par leur communauté d’origine et leurs intérêts, s’unir dans la concorde et marcher de concert ? Omri essaya avant tout de conclure la paix avec la maison de David et de lui faire sentir l’avantage qu’aurait pour tous deux une politique fraternelle, qui leur permettrait de recouvrer l’empire sur leurs anciens tributaires. L’harmonie régna, en effet, pendant un assez long espace