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les familles continuaient à y sacrifier pendant le cours de l’année ; mais, aux fêtes d’automne, elles venaient visiter le temple, les infractions au culte antique restaient individuelles et ne franchissaient pas le cercle des femmes de la cour. Salomon avait toléré les autels de ses femmes païennes, Roboam ne se croyait pas obligé d’être plus sévère. Sa femme Maacha, fille ou petite-fille d’Absalon, s’était attachée aux rites licencieux du culte cananéen ; il lui laissa ériger dans son palais une statue d’Astarté, entretenir des prêtresses pour la servir, faire fabriquer même un objet encore plus honteux, que les textes qualifient d’abominable (Miphlézel) et dont la signification précise s’est heureusement perdue. En dépit de cette complaisance, ces nouveautés impures ne firent que peu de progrès. Cependant, pour ne pas gagner beaucoup de terrain, l’idolâtrie n’en avait pas moins arrêté l’essor vers une civilisation plus haute. Depuis Roboam, le royaume fut en proie à une sorte de langueur, comme s’il eut déjà ressenti les atteintes de la caducité, et près de deux siècles devaient s’écouler avant que la pensée nationale reprit son vol. Les dix-sept années du règne de Roboam se passèrent sans gloire (977-961), comme son époque. Son fils Abiam ne s’illustra pas davantage pendant un règne de trois ans (960-958), que remplirent également de stériles expéditions contre Jéroboam. Comme son père, il ferma les yeux sur les désordres de Maacha. Mort jeune et sans laisser d’enfants, il eut pour successeur son frère Asa (957-918), jeune aussi, de sorte que le pouvoir tomba d’abord aux mains de la reine mère. Celle-ci en profita, ce semble, ou tenta d’en profiter pour donner plus d’extension à son culte lascif. Elle eût ainsi provoqué un schisme dans le royaume de Juda lui-même, si une révolution survenue chez les dix tribus n’eût déjoué son audace et imprimé une autre direction aux événements.

Nadab, successeur de Jéroboam (955-954), avait déclaré la guerre aux Philistins. Il assiégeait la ville danite de Ghibbton, dont ceux-ci s’étaient emparés, lorsqu’un de ses généraux, Baaza (Baëscha), de la tribu d’Issachar, trama un complot contre lui et le tua, puis, marchant sur la capitale, extermina toute la famille de Jéroboam (954). Le fondateur de cette maison, n’ayant pas reçu l’onction sacrée, ne passait pas pour inviolable, comme Saül et