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profité du schisme pour secouer la domination d’Israël, comme les Iduméens celle de Juda. — A l’intérieur aussi, les circonstances amenèrent Jéroboam à introduire des nouveautés. Par habitude ou par conviction, bien des familles, parmi les tribus du nord, continuaient, même après le schisme, à se rendre en pèlerinage au temple de Jérusalem, lors des fêtes de la moisson, et à y participer au culte spiritualiste de la Divinité. Cet attrait, fût-ce d’une petite fraction du peuple, pour la capitale judaïte, ne laissait pas d’inquiéter Jéroboam. Eh quoi ! si le peuple allait se rendre, en masses de plus en plus nombreuses, au temple de Jérusalem, et se réconcilier un jour avec la maison de David ? N’était-il pas, lui, menacé alors d’une chute aussi rapide que l’avait été son élévation ? Pour parer à cette éventualité, Jéroboam imagina une abomination qui allait faire reculer Israël jusqu’à la barbarie et au paganisme.

Pendant son séjour de plusieurs années en Égypte, il avait fait connaissance avec la religion du pays, et avait pu constater que l’adoration des animaux, particulièrement celle du taureau, était fort avantageuse aux rois. Ce culte grossier avait abêti le peuple, et pourrait lui être, à lui aussi, le parvenu, d’une haute utilité politique. Il se concerta donc avec ses conseillers pour l’introduire dans son royaume. Il voyait d’ailleurs, dans cette innovation, un autre intérêt encore, celui de conserver la faveur de la cour d’Égypte. Israël semblerait n’être qu’une succursale de l’Égypte, et les deux pays seraient unis par la communauté des intérêts, comme par celle des croyances et des mœurs. Les choses de l’Égypte, en général, lui étaient d’autant plus sympathiques, que sa femme était, selon toute apparence, une Égyptienne, de la propre famille du roi. Toutefois, ne voulant point paraître innover en matière religieuse, il imagina de faire passer le nouveau culte comme la religion même des anciens Israélites. Est-ce qu’autrefois en Égypte, et plus tard encore dans leur propre pays, ils n’avaient pas adoré Apis (Akir) ? Dans le culte nu et sans images, pratiqué au temple de Jérusalem, on ne devait voir qu’une innovation introduite par Salomon, tandis que Jéroboam n’aurait fait, au contraire, que restaurer l’antique religion d’Israël. Tel était le plan, fort habile, qu’exécuta Jéroboam. Avant tout, il interdit les pèlerinages