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lors sa principale ressource était anéantie. Les autres ressources d’ailleurs lui faisaient également défaut. Le commerce des chevaux et des chars de guerre, qu’une société royale de négociants tirait de l’Égypte et exportait au loin jusqu’aux bords de l’Euphrate, se trouvait supprimé par l’établissement du royaume d’Israël, qui empêchait toute communication avec les pays du nord. La luxueuse splendeur du règne de Salomon était éteinte, le monde magique qu’il avait créé s’était évanoui. Pour conserver encore une apparence d’éclat, ce cortège qui l’accompagnait dans ses visites au temple, Roboam donna à ses gardes des boucliers et des lances d’airain, en remplacement de ceux d’or. La Judée était devenue un pays pauvre, n’ayant d’autre moyen d’existence que l’agriculture, comme avant l’établissement de la monarchie.

Dans le royaume d’Israël non plus, les choses n’allaient à souhait pour Jéroboam. Il avait, naturellement, fait de Sichem sa résidence et le centre du royaume : cette ville, dans sa pensée, devait être la rivale de Jérusalem, devait même l’éclipser. La tribu d’Éphraïm formant l’élément principal du nouvel État, celui-ci s’appela Éphraïm, ou la maison de Joseph, ou la maison d’Israël. Cependant les Sichémites, ces têtes de colonne de la tribu d’Éphraïm, ces promoteurs de l’avènement de Jéroboam, ne furent en aucun temps des alliés sûrs, encore moins des sujets commodes. Pleins de fougue pour soutenir une révolution, ils n’étaient ni assez patients ni assez calmes pour la supporter si elle leur devenait une gène. Comme ils avaient procédé, du temps des juges, à l’égard d’Abimélech, en commençant par le reconnaître roi et par applaudir à ses crimes, puis en se tournant aussitôt après contre lui, ainsi semblent-ils s’être rebiffés contre l’autorité de Jéroboam, dès que celui-ci prit au sérieux son titre de roi, voulut agir en maître et réclama l’obéissance. Certaines collisions paraissent avoir surgi entre Jéroboam et les Sichémites, par suite desquelles il quitta Sichem et établit sa résidence dans une autre ville, celle de Thirza (aujourd’hui Talusa), située au nord de Sichem, sur une haute colline, dans une contrée fertile et bien arrosée. Jéroboam fortifia cette ville et y bâtit un palais et un château fort (armôu), destiné à sa défense. Il fortifia également plusieurs villes de l’autre côté du Jourdain. Car les Moabites et les Ammonites avaient probablement