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et de douceur, toute cause de division. Sous son règne, prophétie et sacerdoce se donnèrent constamment la main. Il fit oindre Salomon, et par le grand prêtre Sadoc et par le prophète Nathan. Il sut maintenir en bonne intelligence les deux maisons sacerdotales d’Éléazar et d’Ithamar, représentées par Sadoc et par Abiathar. Aucun citoyen n’eut jamais à se plaindre d’une oppression dans la mesure de sa conscience et de son pouvoir, il rendait justice à chacun. Toute injustice le révoltait. En brisant la puissance des Philistins, qui avaient si longtemps tyrannisé les tribus voisines, et en soumettant à son obéissance les peuples d’alentour jusqu’à l’Euphrate, il n’avait pas seulement procuré le bien-être à son pays, il avait aussi fondé un vaste empire, qui pouvait rivaliser de puissance avec l’Égypte et qui éclipsait les empires des bords de l’Euphrate et du Tigre. Son peuple acquit ainsi la conscience et l’orgueil de sa propre valeur : il se sentit peuple de Dieu, possesseur d’une doctrine divine, essentiellement supérieur aux peuples voisins. Quant aux égarements de David, on les oublia peu à peu : ne les avait-il pas largement et durement expiés ? La postérité lui fut plus clémente que les contemporains. Le souvenir de ses hauts faits, de sa douceur, de son humilité devant Dieu, a fait de David la personnification du roi idéal, constamment fidèle aux voies de Dieu et modèle accompli de tous ses successeurs. Il est devenu comme le type sur lequel on mesura les rois ses descendants, appréciant leur mérite d’après leur ressemblance avec lui. Ce règne a brillé, dans le lointain des âges, comme le plus parfait de tous, celui où triomphèrent le droit et la justice, la crainte de Dieu et la concorde, où la puissance s’unit à la simplicité. Chaque siècle ajouta un nouvel éclat à l’auréole de David, et cette figure idéale est restée celle d’un saint roi et d’un chantre inspiré.