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du roi, se dirigea de Sion vers la vallée de Ghihon, à l’ouest de la ville. Une foule nombreuse se joignit au cortège, et, aussitôt que Salomon eut reçu l’onction du grand prêtre Sadoc et de Nathan, les guerriers sonnèrent du cor et le peuple entier cria : Vive le roi Salomon ! Une grande agitation régna ce jour-là dans Jérusalem. Les montagnes orientales retentissaient du cri : Vive le roi Adonias ! tandis que celles du couchant renvoyaient celui de : Vive le roi Salomon ! Si les deux princes et leurs partis respectifs eussent tenu bon, c’est une nouvelle guerre civile qui éclatait. Mais Adonias n’était pas de la trempe d’Absalon ; il n’entendait pas aller jusqu’à la révolte ouverte, et, au surplus, ses partisans les plus considérables, Joab et Abiathar, ne l’auraient pas soutenu jusque-là. Dès qu’Adonias eut appris que Salomon avait été sacré roi par la volonté de son père, le cœur lui manqua. Il courut se mettre sous la protection du sanctuaire, auprès de l’autel de Sion. Salomon, qui dès ce moment avait pris en main les rênes de l’empire, lui fit dire qu’il pouvait se retirer de l’autel, que pas un cheveu ne tomberait de sa tête tant qu’il ne commettrait point de faute. Alors Adonias se rendit auprès du jeune roi, lui offrit ses hommages, et Salomon le congédia amicalement. Ainsi prit fin cette compétition. Pour David, il s’affaiblit de plus en plus, et il s’éteignit enfin (en 1015) après un règne agité, qui avait duré quarante ans et six mois. C’est lui qui inaugura la série des sépultures royales dans un caveau par lui préparé sur le versant méridional du mont Sion.

On ne peut douter que David n’ait été sincèrement pleuré, car il avait rendu son peuple indépendant, grand et prospère. La mort le transfigura. Quand l’âme de David eut quitté sa terrestre enveloppe, alors seulement le peuple comprit ce qu’avait été son roi, ce qu’il avait fait pour lui. A l’intérieur, il avait unifié les tribus, jusqu’alors désagrégées par l’intérêt privé, en avait fait un peuple compact et étroitement uni. L’insurrection même d’Absalon et de Schéba démontra la solidité du ciment qui unissait les membres de ce grand corps. La maison d’Israël ne saisit pas l’occasion de sa mort pour se séparer de celle de Jacob ; malgré la vivacité de leurs jalousies mutuelles, elles restèrent associées. Sur d’autres points encore, David avait écarté, dans un esprit de conciliation