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Les intrigues de cour recommencèrent de plus belle. Adonias, presque aussi beau qu’Absalon, exerçait une égale séduction sur les cœurs ; mais, comme lui aussi, à ce qu’il semble, il était léger de caractère et peu digne du trône. Lui aussi, il attira d’abord l’attention de la multitude par un luxe royal, par un appareil de chars et de cavaliers, par une garde de cinquante hommes qui le précédaient à chacune de ses sorties. Aussi faible pour lui qu’il l’avait été pour Absalon, David le laissa faire et le reconnut ainsi tacitement son successeur. Un jour, Adonias invita ses affidés, Joab, Abiathar, tous les princes à l’exception de Salomon, à un festin, près de la source de Roghel. On immola des victimes, et, pendant le repas, les initiés crièrent : Vive le roi Adonias ! Le bruit de cette proclamation se répandit dans la ville et jusqu’au palais; mais David n’en sut rien : inerte et glacé, il se tenait confiné dans son appartement.

Le premier qui prit ombrage des prétentions d’Adonias fut le prophète Nathan. Il connaissait le serment confidentiel fait par David à son épouse Bethsabée, que son fils Salomon hériterait du trône. Lui-même, d’ailleurs, avait annonce à David que Salomon était appela à lui succéder. Il avait, parait-il, plus de confiance dans le caractère de Salomon, et attendait mieux de lui que d’Adonias. En conséquence, il se rendit auprès de Bethsabée, lui fit part de l’aventure et s’entendit avec elle pour déjouer les espérances d’Adonias. Sur ce, Bethsabée se présenta chez le roi, lui rappela son serment, et lui fit comprendre que, si jamais Adonias montait sur le trône, elle et son fils seraient ses premières victimes et que son mariage avec elle serait flétri comme un opprobre. Tandis qu’elle exposait ainsi, d’une voix sanglotante, le sombre avenir qui l’attendait, survint le prophète Nathan, qui confirma toutes ses paroles.

Le parti de David fut bientôt pris, et exécuté le jour même. Il tenait essentiellement à transmettre la couronne à Salomon, ainsi qu’il l’avait juré. Il manda les dignitaires restés en dehors du complot : Sadoc, Benaïahou et les Vaillants, et leur notifia sa volonté de faire sacrer Salomon de son vivant. Tous s’engagèrent solennellement à le reconnaître pour roi. David fit alors réunir les Krêthi et Pléthi pour escorter Salomon, qui, monté sur une mule