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légion des Vaillants, comme noyau de l’armée qu’il comptait recruter chemin faisant. Joab, fermant les yeux sur son humiliation, se joignit à la troupe ou plutôt se mit à sa tète, et, selon toute apparence, adressa un appel au peuple pour qu’il se rangeât sous ses drapeaux.

Arrivé à Gabaon, il rencontra le suspect Amasa, à qui un coup de son épée donna la mort. Sans plus attendre, Ies fidèles enfants de Serouya coururent à la poursuite du séditieux Schéba. Les Judaïtes, qu’avait rassemblés Amasa, se joignirent à eux, et pareillement, dans toutes les villes qu’ils rencontrèrent sur leur passage, ils trouvèrent des partisans et des hommes d’action pour David. Schéba avait recruté peu d’adhérents ; il répugnait probablement aux tribus du nord de se lancer dans une guerre civile pour l’amour d’un personnage obscur. Avec la faible troupe qui l’avait suivi, il s’était jeté dans la forteresse d’Abel, et une autre partie de ses adhérents occupait la ville de Dan[13], à une lieue de là, à l’est, au pied de l’Hermon et non loin de la source du Jourdain. Joab, sans inviter les habitants d’Abel à se rendre, fit entourer rapidement la ville d’un mur de circonvallation et creuser des mines pour en faire tomber les remparts. Une grande inquiétude s’empara des habitants. Une femme avisée cria aux mineurs, du haut du rempart, d’appeler Joab. Joab s’approcha, et elle, d’une voix pleine de reproches : Pourquoi n’a-t-on pas parlementé d’abord, ne s’est-on pas informé, dans Abel et Dan, si tous les citoyens pacifiques et fidèles ont disparu d’Israël ? Pourquoi veux-tu anéantir mères et enfants en Israël ? Pourquoi veux-tu que l’héritage d’Israël périsse ? Joab répondit que telle n’était pas sa pensée, que son seul but était de s’emparer de l’homme qui avait osé s’attaquer au roi ; qu’on n’avait qu’à lui livrer le Benjamite et qu’il se retirerait aussitôt. La femme lui déclara qu’avant peu on lui jetterait, du haut de la muraille, la tête du rebelle. Elle tint parole. Elle sut, par ses discours persuasifs, amener ses concitoyens à le séparer de sa poignée de partisans et à le mettre à mort. La tête sanglante de Schéba fut lancée par-dessus la muraille ; sur quoi Joab leva le siège, congédia l’armée et revint à Jérusalem annoncer sa victoire. David dut, à son corps défendant, le maintenir dans ses fonctions.