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maison de Juda roulait, au détriment de la maison d’Israël, capter la faveur du roi.

Les Anciens d’Israël ne firent pas mystère de leur mécontentement et lui donnèrent cours en présence de David ; ceux de Juda ne les laissèrent pas sans réponse. La question de rang dégénéra en une discussion violente, oÙ les Judaïtes, par leurs répliques acerbes, achevèrent d’exaspérer les tribus du nord. II semble que David ait incliné du côté des Judaïtes. Un Benjamite nommé Schéba, de la famille de Bichri, prenant occasion de ce désordre, sonna du cor et s’écria : Nous n’avons point de part à David, rien de commun avec le fils de Jessé ; Israël, à tes tentes ! Dociles à cet appel, les Anciens du nord se retirèrent à la suite de Schéba. Les Judaïtes seuls restèrent fidèles à David et le suivirent à Jérusalem. La joie de ce retour fut mêlée de tristesse : une nouvelle scission venait d’éclater, une nouvelle guerre civile était imminente. Dans cette situation difficile, David prit un parti qu’on peut considérer, selon le cas, comme un acte de sagesse ou un coup de folie. Joab, meurtrier d’Absalon, s’était aliéné l’esprit de son père, et il répugnait à David de le maintenir dans ses fonctions de général. D’ailleurs il avait promis ce titre à Amasa, et il voulait lui tenir parole. Maintenant qu’il se voyait réduit à la seule tribu de Juda, il sentait mieux encore la nécessité de conserver l’affection d’Amasa, qui avait sur les Judaïtes une influence prépondérante. A l’insu de Joab, il invita donc Amasa à rassembler, dans les trois jours, toute la milice de la tribu de Juda et de la faire marcher contre le rebelle. Or, ce délai s’écoula sans qu’Amasa donnât signe de vie. David s’en inquiéta. Est-ce qu’Amasa, par aventure, se serait joué de lui et aurait fait cause commune avec les factieux ? Une action prompte était nécessaire, pour ne pas laisser grossir le parti de Schéba ni lui laisser à lui-même le temps de se jeter dans une place forte. David n’avait donc d’autre ressource que de recourir aux fils de Serouya, dont la fidélité était restée inébranlable en dépit de ses dédains, et dont il connaissait par expérience les talents militaires. Toutefois, ce ne fut pas à Joab, mais à son frère Abisaï, que David confia le commandement en chef. Celui-ci emmena aussitôt les Kréthi et Plêthi, ainsi que la