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offrir de sa part le titre de général. Cette dernière perspective décida Amasa à se rallier à David, et il persuada aux Anciens de Juda d’aller au-devant du roi. Ainsi firent les Judaïtes, et une députation se rendit à Gilgal pour le recevoir.

De là, grande perplexité pour la tribu de Benjamin. Quel parti prendre ? Lorsque David, fugitif, avait traversé leur territoire, des Benjamites lui avaient témoigné à grand bruit leurs sentiments hostiles. Ils ne croyaient pas possible alors qu’il dût jamais revenir et reprendre possession de son trône. Maintenant la situation avait changé, et non seulement les tribus du nord étaient ralliées, mais celle de Juda elle-même était sur le point de rendre hommage à David. Certes, les Benjamites ne l’aimaient point ; mais devaient-ils rester isolés dans leur haine, exposés aux terribles conséquences de la colère du roi ? Séméi, — ce même Benjamite qui avait accablé d’injures le roi fugitif et qui avait tout à craindre de son cœur ulcéré, — opina qu’il fallait faire montre d’un zèle extraordinaire pour David, renchérir encore sur les autres tribus, afin que cet empressement le disposât à la bienveillance et que sa propre générosité plaidât en leur faveur. Suivant ce conseil, un millier de Benjamites se déclarèrent prêts à courir au-devant de David, se joignirent à la députation judaïte et, arrivés au Jourdain, jetèrent un pont sur le fleuve pour faciliter le passage au roi.

Entre temps, celui-ci avait quitté Mahanaïm et s’était rapproché du Jourdain, accompagné de sa maison, de ses serviteurs et des fidèles qu’il avait trouvés dans la Transjordanie. II repassa le fleuve avec un plus nombreux cortège qu’il ne l’avait traversé dans sa fuite, accompagné cette fois par la députation de Juda, par les mille Benjamites et par les amis dévoués de l’autre rive, qui lui faisaient une escorte d’honneur. La ville la plus proche, après le passage du Jourdain, était Gilgal. Là s’étaient rendus, pour renouveler leur hommage au roi, les délégués des tribus citérieures, qui furent à la fois surpris et blessés de l’avance que les Judaïtes avaient prise sur eux. Ils s’étaient attendus à les voir marcher avec eux-mêmes, et ils concluaient de cet empressement, — qui ne leur semblait pas absolument sincère, — que la