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et sans appui... Ce langage sévère d’un ami rude, mais dévoué, décida le roi à surmonter sa douleur et à se montrer au peuple.

D’Absalon il ne resta qu’un faible vestige. Son corps fut jeté dans une fosse de la forêt de Rephaïm et recouvert d’un grand monceau de pierres. Il ne laissa qu’une fille, qui était d’une rare beauté, mais point de fils : les trois fils qui lui étaient nés avaient péri avant sa rébellion, comme s’il eut été indigne d’en conserver un, lui qui menaçait les jours de son père. Mais il s’était lui même, pendant son règne éphémère, érigé près de Jérusalem, dans la Vallée du roi, un sépulcre fastueux, le Tombeau d’Absalon, qui devait éterniser son nom, et qui n’a éternisé que sa honte. Ses méfaits ont laissé, dans l’histoire, plus de traces que lui-même.

La guerre terminée, David songea à rentrer dans Jérusalem. Mais il ne voulait point s’imposer aux tribus, et il préférait attendre que, pénétrées de repentir, elles revinssent spontanément à lui. Or, chose surprenante, un revirement s’était opéré dans les esprits en sa faveur, et c’est précisément par les tribus du nord que le mouvement avait commencé. Le peuple fit en quelque sorte appel à ses Anciens : Le roi qui nous a sauvés de nos ennemis, qui nous a surtout délivrés des Philistins, s’est vu chasser par son fils Absalon. Absalon est mort, pourquoi ne vous hâtez-vous pas de réintégrer le roi ? Venez, ramenons-le au plus tôt ! Sur quoi les Anciens invitèrent David à revenir dans sa capitale et dans sa demeure, et consacrèrent ainsi une seconde fois sa royauté. Par contre, la tribu de Juda et, à sa suite, celle de Benjamin gardèrent une réserve assez étrange et ne firent pas la moindre avance au roi. Les Judaïtes, premiers fauteurs de la révolte à Hébron, avaient-ils honte de leur conduite, au point de ne pas oser en demander pardon à David ? Ou, au contraire, le mécontentement qui les avait portés à cette révolte persistait-il encore ?... On peut croire que Amasa, qui, après sa défaite dans la forêt de Galaad, s’était réfugié à Jérusalem, exerçait une grande influence sur les Judaïtes. Quoi qu’il en soit, voyant cette attitude de la tribu de Juda, David chargea Sadoc et Abiathar, — les deux prêtres qui étaient restés dans Jérusalem, — de faire sentir aux Anciens de Juda qu’il était de leur devoir de solliciter le retour du roi. Il leur donna également mission d’assurer Amasa de sa clémence et de lui