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à la place des Parfumeurs, à l’extrémité sud-est de la ville, il remarqua, à sa grande joie, qu’un nombreux cortège l’avait suivi ; non seulement son général Joab et Abisaï, avec leurs hommes, non seulement une grande partie de sa légion héroïque (ghibborim), et les Krêthi et Plèthi avec leur commandant Benaïahou, mais encore Ittaï le Héthéen avec ses six cents hommes, enrôlés naguère par David. Toute la population de la ville fondait en larmes, pendant que David s’avançait à travers la vallée du Cédron et que tous ses capitaines marchaient en tête, se dirigeant par le mont des Oliviers vers l’âpre région du Jourdain. Chercher un refuge dans une ville, il ne l’osait, craignant une trahison. Plus tard, les deux premiers pontifes Sadoc et Abiathar, avec le corps des Lévites, accoururent de Jérusalem auprès de lui, amenant l’arche d’alliance. Mais il invita les deux prêtres à ramener l’arche à Sion, en ajoutant d’une voix émue : Si Dieu, me rendant sa faveur, me réintègre à Jérusalem, je reverrai l’arche et le saint tabernacle ; sinon, si Dieu me rejette, je me résigne à sa volonté. Il lui semblait d’ailleurs que les deux pontifes pourraient lui être plus utiles à Jérusalem qu’en partageant son exil. — Tandis que prêtres et Lévites ramenaient en toute hâte l’arche sainte à Jérusalem, David gravit la montagne nu-pieds, la face voilée, baigné de pleurs, et toute sa suite éclata en sanglots. Mais, au moment où sa douleur et son désespoir avaient atteint leur paroxysme, il vit soudain venir à lui, du sommet opposé de la montagne, un ami et un auxiliaire.

Chusaï de la ville d’Érekh, était un des intimes de David et un conseiller non moins habile qu’Achitophel. Vêtu de deuil, il venait partager l’exil de son roi ; celui-ci s’y opposa. Un vieillard ne pouvait être qu’une gène pour le fugitif ; restant, au contraire, près d’Absalon, il pourrait être plus utile à son ami, lui transmettre secrètement des avis, déjouer les conseils d’Achitophel. Conformément à ces observations, Chusaï se rendit à Jérusalem.

La première ville que David rencontra dans sa fuite fut Bachourim, une ville benjamite. Au lieu d’un accueil amical, il n’y trouva qu’insultes et outrages. Un Benjamite, Séméi, l’accabla d’injures et de malédictions : Homme de sang ! misérable ! Dieu te rend le mal que tu as fait à la maison de Saül, dont tu as ravi la couronne ! Longtemps encore il s’attacha aux pas de David, lui lançant