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David, dans les dernières années de son règne, méditait un vaste plan, une grande guerre, parait-il, qui devait exiger un effectif considérable d’hommes. Déjà il avait enrôlé de nouvelles troupes mercenaires ; six cents Héthéens avec leur chef Ittaï, admirateur passionné de David et invariablement dévoué à sa cause, étaient venus de Gath se mettre à sa disposition. D’autre part, le roi voulait connaître le nombre total des Israélites valides, âgés de vingt ans et au-dessus, afin de juger des ressources dont il pourrait disposer pour une campagne probablement longue et difficile. Le roi chargea de ce dénombrement son général en chef Joab et d’autres capitaines. Les opérations durèrent neuf mois et vingt jours. Si les chiffres que nous possédons sont exacts, il en résulterait que, sur une population de quatre millions d’âmes, le pays pouvait fournir treize cent mille guerriers, hommes et jeunes gens.

Mais l’événement prouva que cette opération était une faute, et David devait la payer cher. Elle excita au dernier point le mécontentement du peuple. Elle était déjà impopulaire, en tant qu’elle faisait prévoir une levée d’hommes pour une guerre de longue durée. Mais il s’y ajoutait encore un sentiments d’inquiétude, par suite de la croyance oit l’on était que tout recensement devait porter malheur. Or comme, aussitôt après, survint une effroyable épidémie qui fit beaucoup de victimes, chacun resta convaincu que c’était le recensement du peuple qui l’avait provoquée. — C’était la capitale, naturellement, qui, en raison de sa population plus dense, avait le plus souffert. En voyant les cadavres amoncelés, ou, selon la langue imagée de l’époque, l’ange de la destruction qui moissonnait tant d’existences, David implora le Seigneur : J’ai péché, je suis coupable ; mais qu’ont fait ces pauvres brebis ? Que ta main ne frappe que moi et ma famille ! Or, la peste avait précisément épargné la colline de Moria, où l’on avait permis aux Jébuséens de s’établir. Le prophète Gad invita aussitôt le roi à bâtir un autel sur cette colline et à y offrir des sacrifices, seul moyen de conjurer le fléau. Sans retard, David s’y rendit avec tous ses serviteurs. Le chef des Jébuséens, Arna, le voyant venir de loin, courut à sa rencontre, le salua respectueusement et lui demanda ce qu’il désirait. David