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condamner la population mâle, ou seulement les prisonniers, à des travaux serviles, tels que polir des pierres, triturer le blé avec des rouleaux de fer, couper du bois et confectionner des briques, et il procéda de même avec les prisonniers des autres villes. Quant au roi Chanoun, cause première de la guerre, et qui avait si gravement offensé David, ou il fut mis à mort, ou il réussit à s’échapper. David lui donna probablement pour successeur Scobi, frère de ce prince.

De son côté, Abisaï avait guerroyé avec les Iduméens[11] et les avait battus dans la vallée du Sel, voisine sans doute de la montagne saline au bord de la mer Morte. Il est à croire que les survivants se soumirent ; aussi David se contenta de leur imposer une garnison et des gouverneurs, comme à Damas et aux autres pays araméens. Il paraîtrait que, plus tard, les Iduméens se soulevèrent contre la garnison israélite et la massacrèrent ; car Joab se rendit en Idumée, fit donner la sépulture aux victimes et mettre à mort toute la population iduméenne mâle. Six mois furent employés à cette guerre d’extermination ; si bien qu’un petit nombre d’hommes seulement purent y échapper par la fuite, au nombre desquels se trouvait un fils ou petit-fils d’Hadad, le roi des Iduméens.

Par ces grandes victoires de David, dans l’Ouest sur les Philistins, au Midi sur Ies Iduméens, dans l’Orient, au delà du Jourdain, sur les Moabites et les Ammonites et, dans le Nord, sur les Araméens, l’État israélite acquit une puissance inespérée. Si, précédemment, alors qu’il fut reconnu roi de tout Israël, les limites du pays étaient renfermées entre Dan et Bersabée, l’empire de David embrassait maintenant le vaste territoire qui s’étend du Torrent d’Égypte (Rhinocolura, El-Arisch) jusqu’à l’Euphrate, ou de Gaza jusqu’à Thapsacus (sur l’Euphrate). Les peuples vaincus étaient obligés, chaque année, d’envoyer des présents comme hommage, de payer un tribut et peut-être de fournir des corvéables pour les constructions et autres travaux pénibles.

Toutes ces guerres et ces victoires révélèrent la grande âme de David mieux que n’avait fait son existence antérieure, courbée sous la contrainte. Ferme et énergique dans l’action, quand il y allait de l’honneur et de la sécurité de son peuple, il restait