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AU MOMENT DE L'ANNEXION. 13

resses. Aussi un proverbe de la haute Alsace, relatif aux allures de cette rivière, dit que l’IIl va où elle veut :

Die EI, Geht wo sie well.

Bien souvent nous avons vu, après des sécheresses pro- longées, la rivière, gonflée subitement, abandonner son ancien cours pour laisser de côté des ponts nouvellement construits et se creuser en un instant un autre lit dans le sol limoneux de la plaine. Les torrents issus des Vosges ont un régime tout à fait semblable. Ils se précipitent avec impétuosité à travers leurs vallées après la fonte des neiges ou de fortes pluies, pour tarir presque compléte- ment durant l'été. Affaiblis par leur chute rapide, ils s’ac- cumulent ensuite dans la plaine au fond d’une série de creux en Chapelet d’inégale profondeur, et s’'écoulent pai- siblement et avec lenteur à travers des territoires unis, plats, monotones.

Le sol de la plaine d’Alsace dépasse le niveau du Rhin de quelques mètres à peine. Son élévation au dessus de la mer atteint 200 mètres à Colmar, et à Strasbourg 144 mè- tres. Il consiste en limon, en sable et en gravier, amenés en partie par le Rhin, en partie par les torrents des Vosges. Un léger pli de terrain, au faite duquel le canal du Rhône au Rhin se dirige du Sud au Nord, dessine la limite entre les alluvions anciennes d’origine vosgienne et celles du Rhin, différentes par leur nature géologique. Là où le gra- vier domine à la surface, le sol est aride et revêtu de bois, comme dans la grande forêt de la Hardth, le Kastenwald et les parties de la basse Alsace comprises entre Haguenau, Soultz et Sëltz. Dans les bas-fonds humides ou dans les terrains irrigables, ces forêts alternent avec des prairies. Mais sitôt que se montre le limon, le lehm rhénan, les champs des céréales prédominent, accompagnés de ceul-

tures de toutes sortes, étendues le long de PI] depuis