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assez estimé de quelques célèbres écrivains, pour qu’ils en aient inséré dans leurs excellents ouvrages quelques chapitres entiers, comme on le voit dans le Privado Christiano. J’ajoute, dans nos meilleurs auteurs, et surtout dans Saint-Evremont. La véritable gloire du Héros, c’est le jugement qu’en porta Philippe IV après l’avoir lu avec beaucoup d’attention : Ce petit ouvrage est très agréable, je vous assure qu’il contient de grandes choses. »

La haute idée qu’en conçut ce monarque, à la première lecture qu’il en fit, augmenta dans la suite, bien loin de diminuer, et se changea en admiration : il le plaça dans son cabinet parmi certains livres choisis qu’il goûtait davantage, et qu’il lisait plus souvent : El Heroe se admiro en la mayor esfera del selecto Museo Real. Ce sont les termes de Lastanosa dans son Épître Dédicatoire à Don Baltasar-Carlos, Prince des Espagnes et du Nouveau-Monde.

Aussi Gracian dès le premier essai de son génie supérieur se propose de former un prince, un grand homme, semblable à un jeune aigle, dont le premier vol s’élève jusqu’au soleil, dit un auteur espagnol : Dió las primeras luzes de su idea, a la enseñança de un Principe en el Heroe, etc. Mais il ne se borne pas aux qualités propres d’un héros guerrier, il s’étend encore à celles qui font les héros en tout genre.

Le but de Gracian est de porter les hommes à l’héroïsme dans les conditions distinguées de la vie, auxquelles les autres dont elles font la gloire et l’appui se réduisent. Il appelle héros tous les personnages illustres, les grands hommes de guerre, les grands esprits pour la

    rédacteur des Nouvelles Ecclésiastiques n’écrivait-il pas en 1731 : « On sait l’empressement qu’ont eu les jésuites de traduire en français les ouvrages de ce bel esprit espagnol leur confrère, tout occupé à traiter de la politique dans le goût d’une morale profane… » ?

    J. de Courbeville traduisit aussi El Político (Le Politique Dom Ferdinand le Catholique), qui parut en 1732. (N. d. E.)