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la langue polonaise et du christianisme, les anciens rites et l'idiome national furent proscrits; le bas peuple, réduit au servage et à la culture des terres, oubliant le métier des armes, désapprit aussi ses chants héroïques pour des chants plus analogues à sa nouvelle situation, comme l'idylle et l'élégie. S'il restait encore quelque chose des anciennes traditions et des chants héroïques, on n'en faisait part au peuple qu'à la célébration d'anciennes cérémonics superstitieuses, qu'il accompagnait du plus profond mystère. Simon Grunai, dans le seizième siècle, dit avoir assisté par hasard, en Prusse, à la fête du Bélier, et à peine put-il sauver ses jours en jurant aux villagenis de ne rien révéler de ce qu'il aurait vu on entendu. Quand le sacrifice fut terminé, un vieux Vaydelote se prit à chunter les actions des anciens guerriers de la Lithuanie, en entremêlant ses chants de prières et de leçons morales. Grunau, qui comprenait parfaitement le lithuanien, avoue ne s'être jamais attendu à quelque chose de pareil de la bouche d'un Lithuanien, tant il y avait de beauté dans le sujet et de charme dans l'expression

(P. 187, 1. 17) — Skirgellon, frère et lieutenant de Jagellon.

(P. 188, 1. 3.). Le gouvernement de l'ancienne Lithuanie était en partie théocratique, et les prètres y exerçaient une grande influence. Le grand-prètre portait le titre de Krivé-kriveyto. Les chroniqueurs qui veulent donner aux Lithuaniens une origine grecque ou romaine prétendent que ce nom vient de Κυρίος Κυρίοτατος. La résidence de ce grand-prêtre était aux environs de Szwentamesta, en Prusse, où l'on voit aujourd'hui le village de Heiligenbeil. C'est là, qu'à l'ombre d'un chêne sacré, il recevait les offraudes du peuple et donnait ses ordres aux Vaydelotes, qui parcouraient ensuite le pays avec les marques de leur mission, et proclamaient les volontés du grand-prêtre.