Page:Grażyna fr.pdf/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un grand bûcher de bois sec fut élevé dans le lieu sacré, et on fit tous les préparatifs pour brûler le corps selon les coutumes des pères. On lui mit son armure et ses habits de prince, puis, avec son sabre, sa lance, son carquois et son cor de chasse, on le placa sur le bûcher, et à ses côtés son ami fidèle, son cheval tout vivant et tout caparaçonné: deux faucons, deux lévriers et plusieurs autres chiens, des griffes d'ours et de panthère; puis, après avoir invoqué les dieux et chanté les exploits du guerrier défunt, on alluma le bûcher dont le bois résineux fut promptement consumé ainsi que le corps et tout ce qui l'accompagnait. Ensuite les ossements furent réunis et renfermés dans un cercueil. Telle fut la fin et la dernière pompe du grand prince Keystout.» (Page 467.)

(P. 228. 1. 5.) - Le caractère et l'action de Grajina paraîtront peut-être peu conformes aux mœurs du temps, vu que les historiens font un tableau peu flatteur de la condition des femmes dans l'antique Lithuanie. Ces malheureuses, victimes de l'oppression et de la barbarie, vivaient méprisées et condamnées à des travaux d'esclaves. Mais, d'un autre côté, nous trouvons chez les mêmes historiens quelques détails contradictoires. Ainsi d'après Shütz KoIzebüe, Belege und Erleuterungen), on voyait sur les anciennes monnaies et les drapeaux des Prusses une femme couronnée, d'ou l'on pourrait inférer qu'une femme avait jadis régné sur ce pays. Des traditions beaucoup plus certaines et plus rapprochées de notre temps nous ont apporté les noms de Gézana et de Kadina, prêtresses divinisées, dont les reliques ont été long-temps conservées dans les églises devenues chrétiennes. Une chronique volhynienne manuscrite rapporte les faits héroïques des femmes d'une ville de la Lithuanie, qui, en l'absence