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SUZANNE NORMIS.

reuse comme je l’avais juré à sa mère ? Je revins au logis le cœur plein de tristes pensées, et je les gardai pour moi.

Suzanne cependant devinait que je fui cachais quelque chose. J’avais si rarement eu besoin de dissimuler avec elle, que j’étais malhabile. Elle me câlina, me circonvint de cent manières, sans m’arracher mon triste secret. À la fin, pourtant, pressé de toutes parts, je finis par lui dire que je pensais à la marier.

— Me marier ? fit-elle avec un cri d’effroi, déjà ? pourquoi ?

— Pour que, après moi, ma fille, tu aies un appui dans la vie.

— Après toi ? fi le méchant père qui parle de choses défendues !

Elle couvrit mes yeux et mon front de tendres baisers et s’assit sur mes genoux pour mieux m’embrasser.

— Regarde, lui dis-je en essayant de plaisanter, regarde comme je suis vieux ! J’ai des cheveux blancs.

— Quatre seulement ! fit-elle, je les ai comptés !

— Et j’engraisse.

— Ce n’est pas vrai, tu n’engraisses pas du