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ROMAN D’UN PÈRE.

— Et cette première communion, me dit-elle, quand la ferons-nous ?

— Quand vous voudrez, répondis-je ; tout de suite, si vous voulez.

— Comme vous y allez, mon gendre ! On voit bien que vous n’êtes qu’un impur mécréant. Il nous faut, avant tout, deux ans de catéchisme.

Dans mon effroi, je déposai mon chapeau.

— Deux ans ! Seigneur mon Dieu ! Et où les prendrons-nous ?

— Comment où ? Cette année et l’année prochaine, ne vous déplaise !

— Oh non ! pour cela non ! Voyons, ma chère mère, — c’est à vous que je pourrais reprocher de plaisanter avec un sujet si sérieux. Comment s’y prend-on pour éviter deux ans de catéchisme ? Car vous savez très-bien que j’irai aussi.

— Cela vous fera grand bien, païen que vous êtes.

— Non, cela me ferait beaucoup de mal, car je mourrais avant la fin ; il est vrai que probablement, étant en état de grâce, j’irais tout droit en paradis, mais ce serait pour moi une triste consolation. Comment fait-on pour réduire ces deux années à leur plus simple expression ?

Madame Gauthier me jeta un regard investi-