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ROMAN D’UN PÈRE.

ment dans son coin, le nez en l’air, avec l’expression d’un sage qui rêve.

J’étais confondu. Il m’avait fallu arriver à trente ans pour pénétrer ces vérités fondamentales, bases de notre société, et Suzanne à huit ans n’avait plus d’illusions ! Il est vrai que jusqu’alors je n’avais jamais assisté à un cours pour les demoiselles.

En voyant combien cette philosophie était claire et facile, et surtout avec quelle désinvolture Suzanne se l’appropriait, je bénis de plus en plus la pensée de ma belle-mère. En effet, il est bon de s’accoutumer à ce monde dans lequel nous sommes appelés à vivre, mais c’est un peu comme on s’habitue à l’hydrothérapie, non sans claquer des dents, et grommeler à part soi ou tout haut.


X


Trois années s’écoulèrent à peu près de la même façon ; j’avais varié les cours ; Suzanne s’y était faite de tout point, et à l’heure dite, elle venait me prendre dans mon cabinet. La voi-