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SUZANNE NORMIS.

L’automne vint avec ses joies bruyantes : la vendange, les cuvées, le teillage du lin. — Suzanne allait partout, un panier ou un râteau sur l’épaule, — toujours armée de l’instrument employé ce jour-là, et qu’elle se procurait je ne sais comment. Je soupçonne cependant Pierre d’avoir été son complice. Il apportait dans les remises des paquets mystérieux qui devaient contenir les outils en question. D’ailleurs, Pierre n’avait jamais su rien lui refuser, si bien qu’un beau jour je les trouvai, dans le pressoir vide, perchés sur une échelle ; de ce poste élevé, Pierre démontrait à ma fille le système ingénieux qui change le raisin en vin.

À ma voix, ils sortirent de là tous deux absolument revêtus de toiles d’araignée, avec les araignées dedans. C’est la vieille bonne qui n’était pas contente ! J’engageai Pierre à faire désormais ses démonstrations de moins près.

À l’entrée de l’hiver, j’eus envie de rester à la campagne ; je n’osais, craignant de rendre Suzanne encore plus sauvage, et cependant nous étions si bien là, tout seuls !

Ma belle-mère m’écrivit que, si nous tardions encore, elle viendrait s’installer chez nous jus-