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ROMAN D’UN PÈRE.

voulait me faire promettre de revenir quand elle dormirait, mais je tins bon.

Lorsque ma belle-mère vint dîner chez nous, j’affectai de ne me souvenir de rien de ce qui s’était passé : elle ne put y tenir, et me parla elle-même de sa jeune amie. J’appris ainsi qu’elle possédait une certaine fortune, de nombreux talents, une belle âme susceptible de tous les dévouements, et une aptitude particulière pour ramener au bien les brebis égarées.

— C’est une fille d’esprit, conclut ma belle-mère. Dans sa position, elle n’a qu’à choisir parmi une foule de partis brillants, mais elle s’attache surtout aux qualités solides. Bien que fervente catholique, elle épousera, je le crois du moins, un incrédule aussi bien qu’un homme de sa foi.

— Pour le convertir ? dis-je sans sourire.

— Pour le ramener, corrigea ma belle-mère.

J’étais fixé.

Quelques jeudis s’écoulèrent : mademoiselle de Haags se trouvait toujours là, comblant Suzanne de caresses et de bonbons… elle était trop habile pour donner des joujoux, car c’eût été s’exposer à se faire rendre quelque présent de prix. Elle ne me parlait presque pas, mais sem-