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ROMAN D’UN PÈRE.

cette société n’avait rien de particulièrement attrayant, elle n’avait non plus rien de redoutable.

— Voyez-vous, mon gendre, me dit ma belle-mère en causant au coin du feu, après le dîner, qui, je dois le dire, était excellent, je suis résolue à recevoir toutes les semaines deux ou trois amis, afin de me distraire. Je suis bien seule à présent…

L’idée que ma belle-mère désirait se remarier me traversa le cerveau, et je fus pris d’une terreur, calmée instantanément par la réflexion que, dans tous les cas, elle ne pouvait pas vouloir m’épouser.

— Quel est l’infortuné ?… pensai-je en promenant mon regard sur les vétérans. Mais ma belle-mère était plus habile que je n’étais capable de le supposer, et elle me le fit bien voir.

Deux ou trois jeudis s’écoulèrent sans rien amener de particulier ; mais un soir, quoique j’eusse l’habitude d’arriver le premier, je trouvai au salon une jeune femme vêtue de couleur très-foncée, presque noire, et qui à notre entrée s’écria :

— Oh ! quelle beauté mignonne !

Elle fit deux pas vers Suzanne, qui la toisait