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ROMAN D’UN PÈRE.

— Ce que j’ai ?… Je me radoucis soudain en pensant que j’avais trop à dire pour l’épancher en une heure, et que par conséquent mieux valait le garder pour moi. — Je n’ai rien du tout, ma chère mère, repris-je avec aménité, et surtout je n’ai pas l’intention de mettre Suzanne en pension.

— Mais moi, mon gendre, mon intention à moi n’est pas que ma petite-fille…

— Et moi, ma chère mère, mon intention à moi est d’élever seul ma fille.

J’appuyai si bien sur ces deux mots qu’elle se leva pour battre en retraite.

— Fort bien, mon gendre, fort bien. Voici la seconde fois que vous me rappelez que vous êtes le maître chez vous. C’est fort bien !

J’avais bonne envie de lui faire observer que ce n’était pas ma faute, mais je me contins. Elle s’en alla, très-digne, mais furieuse, et son enragé besoin de domination lui dicta, dans le silence des nuits sans doute, un plan machiavélique dont l’exécution ne se fit pas attendre.