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ROMAN D’UN PÈRE.

et celle-ci, prenant une des plus petites par la main, s’approcha de notre banc.

Elle me fit une révérence, — je dis me, car la révérence était pour moi ; et le sourire qui l’accompagnait revenait à ma fille.

— Mademoiselle, dit-elle avec la politesse consommée d’une femme du meilleur monde, voulez-vous nous faire le plaisir de jouer avec nous ?

La ronde continuait, avec le chant mesuré des fillettes ; Suzanne jeta un regard de côté sur la chaîne vivante, et se tourna vers moi, indécise.

— Si cela te fait plaisir, lui dis-je, tout en ôtant mon chapeau à la jeune pensionnaire, si parfaitement élevée.

— Je veux bien, dit Suzanne en hésitant encore.

Elle descendit du banc, prit la main de la jeune fille et s’avança vers le groupe. Le chant et la danse s’arrêtèrent à sa venue, et tous les yeux curieux d’une trentaine d’enfants se fixèrent sur elle. Ma petite sauvage rougit, perdit contenance, retira vivement sa main, courut à moi, me prit par le bras et me dit : « Allons-nous-en », le tout en moins de trente secondes.

Je saluai en souriant le pensionnat scanda-