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SUZANNE NORMIS.

de bonbons, un manteau rayé noir et blanc, et une langouste gigantesque, que Suzanne avait volée à l’étalage d’un marchand de comestibles pendant que j’achetais le coucou :

— Tiens, cousine Lisbeth, je le la donne ! avait dit la jeune vagabonde en apportant son butin, presque aussi gros qu’elle, dont les antennes la dépassaient de toute leur longueur.

Le temps venu, nous déposâmes Lisbeth et ses bizarres colis dans la salle d’attente, je lui remis son ticket de chemin de fer, roulé dans un billet de cinq cents francs, qu’elle prit, je crois, pour son bulletin de bagages, et je lui promis d’aller la voir avec Suzanne.

Mon Dieu ! que c’est loin, ce temps passé, et que d’années devaient s’écouler avant l’exécution de cette promesse !

Quand je montai dans ma voiture avec ma fille, celle-ci fit la moue.

— L’autre était bien plus jolie, dit-elle : il y avait des fenêtres partout !

L’autre, c’était l’omnibus.

Comme je rentrais, Pierre, qui avait recouvré ses esprits, me dit d’un air modeste en m’ouvrant la portière :