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ROMAN D’UN PÈRE.

et je descendis dans le jardin pour recevoir mon hôte importun. Maurice et Suzanne rentrèrent dans la salle à manger pendant que Félicie ôtait le couvert.

Notre propriétaire m’avait entraîné hors du jardin, sur la falaise, me racontait ses malheurs : la pluie de la veille avait percé son toit, une pierre tombée lui avait tué une poule.

— Vous avez bien mauvais temps pour votre voyage, me dit-il, mais voici des particuliers qui viennent par ici, et qui n’ont pas du avoir beau temps hier non plus.

Je me tournai du côté de la ville qu’il m’indiquait, et je vis arrêtée sur la route une voiture de louage, près de laquelle deux individus d’une classe que je ne pus définir se dégourdissaient les jambes au moyen d’un peu de gymnastique. À cent pas devant moi, abritant ses yeux de la main pour mieux me reconnaître, M. de Lincy me regardait attentivement…

Je sentis un coup si violent au cœur que je faillis perdre pied. Mon interlocuteur, qui avait remarqué ma surprise, me jeta un coup d’œil curieux.

— Vous le connaissez donc, ce monsieur ? fit-il.