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ROMAN D’UN PÈRE.

Chaque jour, chaque heure, n’étaient-ils pas pour moi autant de larcins à mon destin cruel ? Nos malles seront bientôt faites, ajoutai-je en souriant.

Maurice entra dans la maison, prit les pistolets et tout ce qu’il nous fallait, et nous nous dirigeâmes vers la cible. Au bout d’une demi-heure, nous nous arrêtâmes.

— Vous êtes plus fort que moi, dit Maurice. Jamais il ne manquait une occasion de me faire plaisir ; mais, cette fois, je savais que ce n’était pas vrai.

Je secouai la tête, et, machinalement, je rechargeai les pistolets que je remis dans la boîte.

— J’ai perdu la clef, dit Maurice en cherchant autour de lui.

— Cela ne fait rien, répondis-je, il ne manque pas de petites clefs à la maison. Nous en trouverons une.

Nous revînmes à pas lents. Le temps était gris, le vent soufflait par rafales. Déjà les jours précédents nous avions eu d’assez fortes bourrasques ; la falaise était glissante ; une forte marée, la semaine précédente, avait roulé des blocs de rochers jusque sur le galet, au-dessous de nous ; je frissonnais, un peu de froid, beaucoup