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SUZANNE NORMIS.

— Ah ! vous êtes affichés ? J’en suis fort aise.

— Mais oui, monsieur, à la porte de la mairie, et à Paris aussi.

Je bondis.

— À Paris ? où ?

— À la mairie du deuxième, monsieur, rue de la Banque, puisque c’est notre dernier domicile.

— Malheureux ! m’écriai-je, vous nous avez perdus !

— Perdus, moi, monsieur, balbutia Pierre reculant de plusieurs pas.

Quand il se trouva acculé contre le mur, il resta les yeux fixes, les bras ballants. Je devais avoir l’air assez farouche, car il était littéralement muet d’épouvante.

— Oui, par votre bêtise ! Vous et Félicie, vous êtes affichés rue de la Banque, n’est-ce pas ? Eh bien, vous imaginez-vous que si quelqu’un a intérêt à nous trouver, il ne cherche pas vos traces, et en voyant vos deux noms, il ne devine que vous êtes avec nous ? Ah ! vous avez fait là un beau chef-d’œuvre !…

— Que faut-il faire, monsieur ? demanda le pauvre diable complètement anéanti.

Je restai anéanti aussi, pendant un moment