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ROMAN D’UN PÈRE.

traîne, il va m’enlever, père… Je ne veux pas, non, non… Maurice !

Elle jeta ce nom à pleine voix, comme un appel désespéré, Maurice n’y résista pas, il bondit dans la chambre et se laissa tomber à genoux près du lit. Suzanne, qui jusqu’alors n’avait reconnu aucun de nous, poussa un cri de joie, lui saisit la tête dans ses bras, appuya sa joue sur ses cheveux ; ses traits se détendirent et exprimèrent une douceur céleste :

— Enfin, dit-elle, enfin tu ne t’en iras plus, tu ne me laisseras pas enlever ?

— Non, non, répétait Maurice éperdu.

— Je ne veux pas aller avec lui. Assieds-toi là.

Maurice dut s’asseoir près de son lit. Elle murmura encore quelques paroles incompréhensibles, puis se laissa retomber sur l’oreiller, et s’endormit d’un sommeil d’abord troublé, puis plus profond, toujours sans quitter la main de Maurice.

Au petit jour, le médecin arriva. Il examina Suzanne pendant son sommeil et ne voulut pas qu’on la réveillât. Il attribua ce délire passager à une forte commotion ; la moindre émotion pouvait provoquer une fièvre cérébrale ; mais