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SUZANNE NORMIS.

quand Pierre m’aborda un jour d’un air préoccupé. Il était en tenue de gala et pétrissait la visière d’une casquette de livrée, échappée je ne sais comment aux vicissitudes de nos évasions.

— J’ai une demande à formuler à monsieur, me dit-il avec une gravité surprenante.

— Formulez, mon ami, formulez votre demande.

— C’est que, monsieur, depuis que M. Vernex demeure ici, moi, je demeure dans la grange…

— Eh bien ? trouveriez-vous qu’il est temps de troquer vos appartements ?

— Non, monsieur, mais j’ai pensé que peut-être, si monsieur voulait bien m’accorder son agrément, avec la permission de monsieur, j’aurais bien aimé épouser Félicie.

Épouser Félicie, demeurer dans la grange…

Je ne saisis pas tout d’abord le rapport occulté entre ces deux idées.

— Félicie ? fis-je d’un air peu intelligent, faut-il supposer, car Pierre, avec sa bonté ordinaire, vint à mon secours.

— Oui, monsieur ; comme ça, je ne coucherais plus dans la grange.

— Ah ! très-bien ! fis-je. J’avais compris. Mais Félicie n’est pas très-jeune, et vous-même…