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SUZANNE NORMIS.

siens dans le pays, mais du diable si je pensais à vous, et dans ma maison encore !

Il se mit à rire avec cette bonne grâce familière et communicative qui lui était propre.

— Vous logerez dans notre maison, lui dis-je, vous me permettrez de vous offrir l’hospitalité sous votre propre toit ?

— J’accepte de grand cœur ! répondit-il, je vous remercie.

Nous n’avions plus rien à nous dire, le silence reprit de plus en plus embarrassant. Suzanne se leva, nous dit qu’elle allait s’occuper du repas et prit le chemin de la maison. Quand elle eut disparu :

— Je n’ai pas besoin de vous dire, fis-je en regardant attentivement Maurice, que nous vivons dans la retraite la plus absolue ; j’ai volé Suzanne à M. de Lincy, et si celui-ci apprenait où nous sommes, c’est lui qui me la volerait à son tour.

Vernex me regarda, me tendit la main, et je compris qu’il ne nous trahirait à aucun prix.

— Les raisons qui m’ont fait prendre cette résolution suprême, poursuivis-je, vous sont sans doute connues ? — Il fit un signe de tête. En ce