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ROMAN D’UN PÈRE.

personne connaisse le nom de ce trou-là. Seulement ce ne sera pas très-habitable l’hiver !

— L’hiver est loin ! dis-je gaiement, nous retournerons en Italie, ou en Espagne, ou à Malte, Le monde est grand, et Suzanne n’aura pas toute sa vie le mal du pays.

— Je doute même fort, reprit le docteur, qu’elle l’ait une seconde fois ! On n’a guère cette maladie-là qu’une fois, et dans l’extrême jeunesse. Plus tard, on se bronze !

Notre ami étouffa un soupir ; peut-être se croyait-il trop bronzé ; mais il se trompait en ce cas, car son vieux cœur était aussi jeune que le nôtre.

J’aurais voulu voir aussi le notaire, mais je considérai l’entreprise comme trop périlleuse, et j’y renonçai. D’ailleurs, je craignais vaguement qu’il ne fût arrivé quelque malheur à Suzanne. Je me hâtai de retourner à l’endroit où je l’avais laissée. Tout était pour le mieux ; elle dormait encore, car j’avais passé une partie de la nuit à causer avec le docteur, et j’étais revenu par le premier train.

Nous partîmes ensemble tous quatre sans passer par Paris, et douze heures après nous débarquions dans une petite ville de Normandie, si