Page:Gréville - Suzanne Normis, roman d'un père, 1877.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
SUZANNE NORMIS.

caché par son ombrelle causait haut, sans se gêner et en Français, avec un homme qui ne nous présentait que la raie du derrière de sa tête.

Au moment où le groupe confus dont nous faisions partie commençait à s’ébranler, la dame en question releva son ombrelle, jeta un regard autour d’elle, me regarda avec stupéfaction, et s’écria à pleine voix :

— Dites donc, Paul, votre beau-père !

Avec l’imprudence inévitable en pareil cas, Suzanne et moi, au lieu de nous détourner, nous regardâmes le monsieur interpellé qui se retourna vivement de notre côté, et nous fit voir la figure fatiguée, mais irréprochable, de M. de Lincy.

Il fit un mouvement si brusque, son visage exprima une joie si féroce, que je m’élançai involontairement en avant pour protéger Suzanne de mon corps. Heureusement notre cocher, voyant enfin la route libre et voulant regagner le temps perdu, fouetta vivement ses bêtes qui partirent, moitié trot, moitié galop. Les sons aigus de la voix de la femme à l’ombrelle m’arrivèrent de loin, et je crus discerner quelque chose comme une altercation. Mais je n’avais