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ROMAN D’UN PÈRE.

— Mon gendre, pourquoi Suzanne n’est-elle pas en deuil ?

— Mais, ma chère mère, lui répondis-je fort surpris, elle est en deuil !

— Alors, vous avez l’intention de lui faire porter le deuil en blanc ?

— Mais oui ! un enfant si jeune n’a pas besoin, à mon humble avis, de faire connaissance avec les robes noires.

— Comme il vous plaira, me dit sèchement ma belle-mère. Vous êtes le maître, étant chez vous ; cependant, j’aurais trouvé plus convenable… mais je n’ai pas voix délibérative… oh ! non ! ajouta-t-elle en s’essuyant les yeux avec la bordure noire.

Un silence embarrassant suivit, car, avec toute ma politesse, je me sentais incapable de lui accorder voix délibérative, comme elle le disait, dans mes propres conseils.

— C’est fort bien, mon gendre, reprit-elle enfin ; et maintenant, que comptez-vous faire de cette enfant ?

— Suzanne ? fis-je innocemment.

— Eh ! oui, Suzanne ! vous n’en avez pas d’autre, que je sache ?

— Non, ma chère mère ; eh bien, je compte