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SUZANNE NORMIS.

trâmes dans la ville, elle reprit sa place dans le fond de l’équipage, puis elle prit ma main qu’elle garda dans la sienne.

— Malgré tout, père, dit elle, ne va pas croire que je te rende responsable des erreurs de M. de Lincy ; je l’ai accepté de mon plein gré, donc c’est moi seule qui ai voulu ce mariage. Je suis trop heureuse d’avoir pu te donner quelques semaines de tranquillité, et pour ma consolation, cher père, je veux croire et je crois que c’est ce repos moral qui t’a sauvé la vie.

Je ne pouvais pas lui ravir cette dernière illusion. Je la lui laissai donc, et à partir de ce jour elle trouva une grande douceur à m’entretenir de mon rétablissement, à me demander quand et comment je m’étais senti mieux, et à faire coïncider ce mieux avec l’époque de son mariage. Il ne fut plus question entre nous de la condition bizarre où elle se trouvait vis-à-vis du monde. Nous vivions seuls, très-retirés, servis par nos fidèles domestiques. Elle était gaie, elle se disait heureuse. Seul je savais quel ver rongeur se cachait dans ce beau fruit, mais je gardais ma douleur pour moi. Quand j’écrivais à ma belle-mère par l’entremise de Lisbeth, qui mettait à la poste toutes mes lettres, je ne lui