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SUZANNE NORMIS.

en témoignant de la mauvaise humeur ou, pis encore, une gaieté déplacée.

Le premier assaillant fut ma belle-mère. Nous avions vécu dans la plus parfaite concorde, mais je dois avouer que, pour arriver à ce résultat, j’y avais, suivant l’expression vulgaire, mis beaucoup du mien. Grâce à cette heureuse harmonie dans le passé, je vis arriver un jour madame Gauthier, sérieuse et compassée, comme de coutume, avec un grand voile de crêpe sur son visage légèrement couperosé ; elle commença par embrasser tendrement sa petite-fille ; puis s’adressant à notre vieille bonne :

— Emmenez cette enfant, proféra-t-elle avec la dignité qui ne la quittait jamais.

Suzanne et sa bonne disparurent ; la petite, le cœur tant soit peu gros de se voir ainsi congédiée, et la bonne indignée intérieurement de s’entendre commander. Je dois dire que Félicie témoignait autant de mécontentement à recevoir les ordres d’autrui qu’elle apportait de bonne grâce à exécuter les miens.

Quand la porte se fut refermée, ma belle-mère s’assit sur le canapé, porta à ses yeux son mouchoir encadré d’une énorme bande noire, se moucha et me dit :