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SUZANNE NORMIS.

session de nous-mêmes ; je la caressai, elle me parla, et au bout d’un instant elle s’endormit.

Au matin, ce fut bien autre chose. Suzanne avait oublié les impressions de la veille, ou du moins n’en gardait plus qu’un vague souvenir. Elle s’éveilla comme d’ordinaire en appelant sa mère et moi… Et ses larmes recommencèrent à couler lorsqu’elle vit que le lit de sa mère n’était pas auprès de son berceau, comme autrefois.

— Maman est partie, lui disais-je en vain : elle reviendra, tu la reverras, mais elle est partie pour aller se guérir ; tu sais bien qu’elle était malade. Est-ce que tu ne veux pas qu’elle se guérisse ?

— Je veux bien, criait la petite affolée de douleur, mais je veux aller avec elle !

Ce qu’on lui acheta de joujoux et de bonbons pendant cette matinée aurait suffi à construire une maison. Tout cela l’amusait un moment, puis revenait la plainte obstinée : — Je veux maman.

Elle me demanda sa mère pendant dix mois. Tous les jours, sans se lasser, elle répétait la même question et recevait la même réponse.

Un jour, me voyant écrire :

— Tu écris à maman ? me dit-elle.