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SUZANNE NORMIS.

dit-elle entre ses dents serrées. S’il vient ce soir, je le tuerai, ou moi-même !

Une idée lumineuse me traversa l’esprit.

— Est-il parti ? dis-je.

— Oui, il s’en va toujours quand il a fait une scène.

— Viens, lui dis-je en l’entraînant dans sa chambre. Vite un châle et un chapeau ; ne perds pas une minute.

Elle obéit machinalement.

— Tes bijoux, lui dis-je, où sont-ils ?

Elle indiqua un petit meuble. J’y fouillai vivement et j’y pris sa boite à bijoux, encore intacte.

— As-tu des lettres, des souvenirs, quelque chose que tu aimes ?

Elle regarda autour d’elle d’un air indifférent, puis saisit une miniature de sa mère, accrochée à la cheminée, la pressa sur ses lèvres et fondit en larmes.

— Non, non, lui dis-je, ne pleure pas, il ne faut pas qu’on te voie pleurer.

Elle sécha ses larmes aussitôt. La marque du soufflet commençait à rougir et lui causait une cuisson douloureuse.

— Un voile, dis-je.