comme on les nomme. C’est alors que je déplorai ma faiblesse, qui n’avait pas su résister à la pression de mon entourage. Faible et misérable et au moment redoutable de décider de son avenir, j’avais manqué d’énergie pour lui assurer l’indépendance et le bonheur !
Il fallait la faire émanciper à sa dix-huitième année, en prévision de ma mort prochaine, me dis-je, et lui laisser le soin de trouver elle-même, quand l’heure serait venue, celui à qui elle se donnerait volontairement, pour l’aimer et le respecter jusqu’à la mort.
Oui, c’est ce qu’il eût fallu faire, mais il était trop tard ; tout au plus pouvais-je essayer de pallier le mal que ma faiblesse et mon imprudence avaient causé.
Je m’appliquai dès lors à découvrir les torts de M. de Lincy. Je le suivis partout, le matin, le soir, dans le jour. J’appris où il dépensait son temps et mon argent, à quel restaurant on le voyait souper, où il passait quelquefois la nuit. Ici j’eus une espérance, mais mon avoué la renversa d’un mot : — Ce n’est pas sous le toit conjugal.