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SUZANNE NORMIS.


II


La journée s’écoula comme toutes les journées de ce genre ; j’avais un chaos dans la tête, et je serrai une quantité de mains sans savoir à quels visages elles appartenaient. Mais le soir, que je redoutais confusément, m’apporta une croix bien lourde.

On avait amusé Suzanne toute la journée au dehors de la maison ; le temps étant très-beau, on l’avait promenée, elle avait dîné avec sa bonne, ce qui lui arrivait parfois lorsque nous recevions, et elle n’avait guère demandé sa mère qu’une vingtaine de fois. Mais, quand vint l’heure du coucher, ce fut une autre affaire.

— Maman ! je veux voir maman ! j’aime maman ! criait la petite, qui sanglotait à fendre son pauvre petit cœur.

Toutes les filles de service étaient là consternées ; la bonne ne savait plus à quel saint se vouer… Dans mon désespoir, une idée me vint :