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ROMAN D’UN PÈRE.

tant, lui dis-je, en essayant de le séduire par un gros chiffre.

— Avec le temps, dit-il froidement, j’en aurai neuf cent mille… Suzanne est assez bonne pour me donner tout ce que je lui demanderai… Adieu, cher beau-père.

Il était parti depuis un quart d’heure que j’étais encore à la même place, essayant de sortir du gouffre, et ne trouvant aucune voie de salut.

Ma belle-mère, qui venait déjeuner avec moi, me trouva dans cet état de prostration, et n’en fut pas peu épouvantée. À force de me secouer et de m’interroger, elle apprit tout ce que les derniers mois m’avaient révélé et que je lui avais caché jusque-là.

Elle en fut profondément remuée ; de vagues appréhensions l’avaient parfois saisie, à la vue du ménage de Suzanne. Mais celle-ci portait si courageusement son malheur, elle savait si bien étourdir sa grand’mère par son joyeux babil d’enfant gâtée, que les commérages de quelques amies n’avaient pu ébranler qu’imparfaitement la foi de madame Gauthier en l’honneur de mon gendre.

— Je savais qu’il était insupportable, dit-elle ; d’ailleurs, tous les gendres sont insupportables,