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SUZANNE NORMIS.

son mari, répondit-il sans relever mon insulte. Trouvez bon que Suzanne continue à me haïr sous le toit conjugal.

— Vous êtes un lâche ! m’écriai-je exaspéré.

— Heureusement personne ne vous entend, riposta Lincy sans se troubler, car on douterait de l’état de votre raison ! Voyez mon calme, et regardez votre fureur. Personne ne pourrait croire que, sans provocation aucune, un homme en possession de son bon sens s’abandonne à de pareilles extravagances.

Je le regardai ; il essaya de me braver, mais sa figure de lâche se décomposa, et il baissa ses yeux impudents devant mon regard d’honnête homme.

— Terminons, lui dis-je. À quel prix me rendrez-vous ma fille ?

— À aucun. Je l’aime ! répliqua-t-il avec effronterie.

— Nous intenterons un procès en séparation !

— Vous n’aurez pas de griefs. Je ne suis pas assez bête pour me laisser prendre.

Il se dirigea vers son chapeau. J’avisai un revolver à une panoplie, et je fis un mouvement pour m’en saisir, mais je réfléchis qu’il n’était pas chargé…

— Je vous donnerai cent mille francs comp-