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ROMAN D’UN PÈRE.

— Voici que, — heureusement ou malheureusement, car tout dépend des points de vue, — mon médecin s’était trompé du tout au tout, en prenant les symptômes accessoires d’une maladie pour une altération organique… Mais ce serait très-long et peu intéressant…

— Comment donc ! murmura M. de Lincy, ces détails, au contraire, sont de l’intérêt le plus puissant. Qui est votre médecin ?

— Le docteur D…

— Il est très-fort, très-fort, murmura M. de Lincy. Eh bien ?

— Eh bien, je ne cours aucun danger, et très-probablement, à moins d’un accident que nul ne peut prévoir, j’atteindrai un âge fort respectable.

— Je ne puis, dit mon gendre, que me féliciter de cet heureux changement.

Son ton était irréprochable, mais l’expression de son visage, quoi qu’il en eût, était moins joyeuse que ses paroles.

— Le résultat est que, devant vivre longtemps, j’avais des années devant moi pour prendre une résolution irrévocable, et je reconnais que j’ai marié Suzanne à la légère.

— Comment l’entendez-vous ? dit M. de Lincy en levant sur moi un regard poli et haineux.