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ROMAN D’UN PÈRE.

— Non pas en dernier ! en premier ! Est-il possible que vous hésitiez un moment ?

Il me démontra si bien les avantages de la séparation, que je restai ébranlé. Certes, il m’en coûtait de voir ma fille, à dix-huit ans, condamnée pour toujours à ignorer les douceurs de la vie de faimille et de la maternité ; mais cette perspective, si triste qu’elle fût, était encore préférable à celle que, dans mon désespoir, j’avais évoquée : l’abandon de tous mes biens, pour obtenir la liberté d’avoir ma fille avec moi.

— Pourquoi tous vos biens ? m’avait dit le notaire.

— Parce que, tant que j’aurai quelque chose, il persécutera sa femme pour me le soutirer. — Soit, dis-je enfin quand j’eus écouté la lecture du code et les conclusions de mon conseiller. Que faut-il faire pour obtenir une séparation ?

— Il y a d’abord les coups et sévices par-devant témoins…

— M. de Lincy, je l’espère du moins, n’est pas un homme à frapper ma fille. Passons.

— Il y a l’adultère du mari, constaté par l’existence d’une maîtresse sous le toit conjugal.

— Ceci ne serait peut-être pas impossible, nous verrons. Et puis ?