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SUZANNE NORMIS.

— C’est absurde !

— Oui, d’accord ; mais si c’est à ce prix seulement que je puis obtenir le repos de ma fille, je n’ai pas à hésiter.

— Mais, cher monsieur, c’est du chantage, alors !

— Parfaitement.

Le notaire fit encore deux ou trois tours :

— Et ensuite ? dit-il en s’arrêtant devant moi.

— Ensuite ? Que voulez-vous que je vous dise ? Le roi, l’âne ou moi, nous mourrons, comme dit le fabliau ; mais moi, vivant, je ne puis souffrir que ma fille soit malheureuse quand je puis acheter sa tranquillité à poids d’or.

— Et quand vous serez entièrement dépouillé ?

— Sans doute alors il me laissera l’emmener quelque part où nous achèverons de vivre en paix, pauvres, mais heureux d’être ensemble.

— C’est de l’aliénation mentale ! s’écria le digne homme. Je ne puis permettre à mes clients de dissiper ainsi leur fortune. Faites prononcer une séparation !

— Ce moyen me répugne, repris-je, mais en dernier recours…